lundi 29 juillet 2013

Une adresse suffira

C'est un petit endroit planqué dans une mini-rue vers Châtelet, tenu par deux messieurs, l'un en cuisine l'autre en salle. Ils n'ont pas de site alors il va falloir nous faire confiance si on vous dit que ça vaut le coup d'aller bruncher (ou goûter) au Queen Ann.

L'accueil est adorable même quand vous êtes (très) en retard. On se croirait chez un oncle bienveillant qui ne tiendra jamais rigueur d'un retard et qui nous installe, comme si de rien était, comme si on avait la journée devant nous, malgré l'étroitesse de la salle, la complète occupation des lieux et les probables réservations suivantes. Tant de gentillesse sonne comme un véritable soulagement quand on s'attend, sinon à se faire refouler, du moins à être la proie d'un salut glacial et d'une remarque bien sentie sur le respect des horaires. Dès les premières secondes, j'avais envie de ne plus jamais repartir. Cela se confirma avec l'arrivée d'une mini-viennoiserie et d'un jus de fruits pressés. Orange, pamplemousse ou orange-pamplemousse. La rusticité du choix n'a d'égal que la qualité du jus.

Ce qui nous amène au deuxième point : c'est très, très bon. La maison a au moins deux spécialités.
Le chocolat chaud. Di-vin. Il est servi dans une grande tasse anglaise, épais comme un potage, parfaitement équilibré, un pur délice. Vaste choix de thés également.
Les tartes et les gâteaux. Ils s'exposent dans la salle, plus fous les uns que les autres, embaumant l'air. A peine entré, on ne sait plus où donner de la tête, on salive devant tant de promesses gourmandes, on anticipe avec délice le régal qui se prépare. Le choix est écrit en pattes de mouche sur deux tableaux noirs riquiqui accrochés au mur : une dizaine de possibilités du côté salé, pareil du côté sucré. 
Choisir c'est renoncer, leçon 1. 
Sacrifierai-je des scones tout chauds au profit d'une part de ce fabuleux crumble aux fruits rouges qui vient de me passer sous le nez ? 
A peine croyable, 100% des tartes salées me plaisent, mais quelle est cette rouerie diabolique ?
Au bout du supplice, j'optais pour une part de soufflé aux courgettes. 
Les assiettes arrivent, simples et généreuses, offrant des goûts francs et maîtrisés. On mange comme on boirait du petit lait, on y revient toujours et chaque bouchée est le même plaisir renouvelé. Sans s'en rendre compte, on termine son assiette jusqu'à la dernière miette et on aurait pu continuer ainsi encore longtemps. Je me souviens même de l'assaisonnement de la salade qui accompagnait mon soufflé parce qu'il était exactement comme je l'aime, avec un peu de moutarde à l'ancienne.
Pour le sucré, le crumble l'a finalement emporté. Il fut à la hauteur du sacrifice de la tarte au chocolat-caramel au beurre salé et du clafoutis aux pêches. On n'avait pas masqué les fruits sous un déluge de sucre mais inséré une fine couche de fromage blanc entre pâte et garniture, touche de génie qui enroba de douceur la croustillance du dessus et para d'onctuosité l'acidité du dessous. Il suffit parfois de pas grand chose pour que le banal devienne magique.

Ce n'est pas trop cher. Pour une vingtaine d'euros, on passe un excellent moment, dans une ambiance feutrée, un peu désuète, remplie de douceur(s) exquises, dans un recoin du vieux Paris certainement hanté par l'esprit d'une grand-mère inspirée.

5 Rue Simon le Franc 
75004 Paris
Fermé le lundi sinon ouvert tous les jours de 10h à 19h (11h le dimanche)
Pour réserver, appeler le 01 42 78 00 07

PS : malheureusement, c'était une première, on n'a pas fait de photos. On ne manquera pas d'en prendre moultes la prochaine fois. En attendant, laissez faire votre imagination. Ou mieux, allez-y.























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