jeudi 21 novembre 2013

Comment faire de belles photos culinaires quand on est débutant



Dans le cadre du Festival de la Photographie Culinaire, Zwilling J.A Henckels, boutique spécialisée dans les ustensiles de cuisine (notamment les couteaux) organisaient hier un atelier sur le thème de la photographie culinaire. Pour l'occasion, Cécile Coulier, journaliste et styliste culinaire ainsi que Thomas Delhemmes, photographe, avaient fait le déplacement. Voici une synthèse de leurs conseils pour réussir ses images.

Bien se placer
Contrairement aux habitudes, il faut se placer en face de la lumière, à contre-jour, ou bien de trois-quarts pour obtenir les meilleurs clichés. Cela rend les plats plus gourmands. Il faut une pièce lumineuse mais de préférence sans ensoleillement direct. En effet, le soleil bouge et la lumière change donc à chaque photo ce qui peut gêner si vous faites par exemple une série et avez besoin d'homogénéité. C'est pour cela que les peintres préfèrent avoir leur atelier exposé au nord. Ainsi ils ont une pièce lumineuse où le soleil n'entre presque jamais. C'est aussi plus facile l'été...


Modifier l'éclairage
Pour modifier l'éclairage, il faut s'équiper de panneaux rectangulaires de format A3 environ, qui serviront de réflecteurs de lumière. Plus ils seront placés près du sujet de la photo, plus ils auront d'impact sur l'éclairage par rapport à un cliché sans panneaux. Un panneau blanc éclaircira la photo alors qu'un panneau noir assombrira le résultat.

Voici à quoi ressemblait la mise en place
avec le panneau blanc sur la droite


Réaliser des atmosphères
Ambiance feutrée ou festive, sophistiquée ou brute, il est possible de transmettre des messages très différents même pour un débutant. 
  1. A travers le dressage
    Le montage de l'assiette donne une première indication sur la manière dont le lecteur doit aborder une recette. Pour une même réalisation -en l'occurrence des choux-, un dressage simple et sans ornements évoquera plutôt le goûter alors que paré de feuilles d'or (alimentaire) et de diamants de sucre, le chou fera penser à la fête et au met des grandes occasions. 
    Attention, certains décors s'ajoutent à la dernière seconde : sauces, herbes, fleurs etc...pour obtenir un visuel satisfaisant au niveau de la brillance, de la fraîcheur recherchées. Enfin, il est toujours mieux de dessiner le plat avant de le monter pour ne rien oublier.
     
    Décoration et mallette aux trésors de Cécile Coulier

  2.  A travers la lumière et l'angle
    Bien sûr, l'éclairage donne énormément d'informations sur la manière dont il faut interpréter l'image. Un éclairage très clair donnera une impression de douceur et de féminité alors qu'un rendu sombre sera synonyme de sophistication et de luxe. 
    L'angle de la prise de vue est également connoté. Une prise de vue du dessus sera plus moderne et luxueuse, une prise de trois-quarts plus banale, une prise de face mettra en valeur les effets de volume.

    Comparaison entre éclairage naturel et studio
    (dans une boîte avec une lampe de poche...)
     
  3. A travers le décor
    Pour finir, l'environnement autour de l'assiette contient également un message. Par exemple un fond rose évoquera un goûter pour une petite fille alors que la même assiette dans un décor de cuisine mettra l'accent sur le côté professionnel de son auteur.

    Discussion sur le fond

Flash, lumière naturelle ou les deux ?
Cela dépend des photographes. Certains ne jurent que par la lumière naturelle et refusent de travailler avec le flash. Ils obtiennent de très belle réalisations avec un univers très spécifique. Néanmoins, cette méthode "radicale" de travail a aussi ses contraintes : des tranches horaires très restreintes notamment en hiver qui peuvent être difficiles à concilier avec les demandes des clients, une capacité moindre à varier les atmosphères et à nuancer les éclairages. Notre intervenant d'hier utilise le flash pour recréer la lumière naturelle ou bien les deux en fonction de l'éclairage qu'il recherche. Ce réglage dépend du temps de pose que l'on a défini. La seule chose à éviter pour lui est de multiplier les flashs. Il faut une lumière très simple, directement sur le produit et n'avoir toujours qu'une seule ombre.

Est-ce mal de retoucher ?
Non mais...
Il n'y a pas de mal à retoucher un mur taché ou un sol sale ni à revoir une ombre, un reflet, un flou. Pour autant, dans bien des cas, les petits défauts occupent une véritable importance qu'il ne faut surtout pas retoucher. C'est vrai en particulier dans le contexte de la photographie culinaire. En effet, une image trop parfaite renverra un message de complexité, de froideur, de professionnalisme, tout le contraire de ce qui est recherché la majeure partie du temps. L'image doit avant tout être gourmande, réjouissante, donner envie de réaliser la recette et ne surtout pas devenir décourageante, contre-productive car jugée trop difficile.

Quel appareil photo et quel logiciel utiliser ?
Pour ceux qui veulent vraiment s'y mettre et passer à l'étape suivante, nos intervenants conseillent un réflex numérique 24x36 avec un objectif de 50 ou 60mm. Il faut éviter les grands angles qui déforment les images. Le logiciel d'hier s'appelait Capture One. Ligthroom est également un bon logiciel. Ce sont tous deux des logiciels payants.

La photo apparait en direct

Derniers trucs
Pour avoir une lumière "neutre",  on calibre d'abord avec une balance des blancs, un petit papier qui permet de régler les couleurs pour toutes les photos suivantes.

Vous voyez le petit papier à côté du plateau ?

Enfin, attention à la luminosité de votre écran d'ordinateur ! Il faut la régler à 50% seulement sinon vous aurez (faussement) l'impression que vos photos sont beaucoup trop claires.

En conclusion, le plus important est d'observer le plat (quelle est la meilleure disposition?), son environnement (quel décor est le plus pertinent ?) et de faire des choses simples. Simplifier n'est jamais une mauvaise idée.

En (sa)voir plus
Les deux intervenants travaillent beaucoup ensemble et ont déjà collaboré à la réalisation de plusieurs ouvrages de cuisine dont :

Mes Gâteaux Joliment Décorés
de Cécile Coulier

Amorino
Trésors Glacés

Cécile Coulier ouvrira très prochainement un atelier de pâtisserie dans le XIVe arrondissement.
Thomas Delhemmes propose des formations à la photographie culinaire dont la prochaine aura lieu les 2 et 3 décembre. Inscription ici.

PS : mille excuses pour la qualité des photos de cet article (c'est paradoxal !) prises avec le téléphone.

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